L’expédition hivernale au K2 est rentrée à Varsovie sans avoir pu atteindre le sommet. Krzysztof Wielicki, le chef de l’expédition nuance cet échec : « sur une montagne si dangereuse c’est un succès d’avoir réussi à rentrer au pays tous sains et saufs ! ». Effectivement, avec plus de 80 morts à son actif, le second sommet le plus haut du monde n’offre pas de garantie de retour. Mais Wielicki ne compte pas en rester là. La route est longue jusqu’à une prochaine expédition de ce type. Il faudra à nouveau convaincre des partenaires, une équipe d’alpinistes, des sponsors. Et le premier d’entre eux, le ministère des sports polonais, qui avait largement contribué au financement de l’expédition de cet hiver.
Une nouvelle tactique
En attendant, Wielicki réfléchit à de nouvelles tactiques pour réussir à aller jusqu’au sommet. Dans une interview pour le journal polonais Wspinanie, il évoque pour la première fois l’idée d’une double équipe : « une première pourrait travailler jusqu’à 7.000m ou jusqu’au-dessus de la Black Pyramid (NDLR : vers 7.200m) (…) le deuxième groupe pourrait venir plus tard. Il aurait plus de force pour attaquer le sommet ». Au lieu de rester 2 mois et demi sur la montagne. Chaque équipe pourrait passer 4 à 5 semaines dans la face, économisant ainsi pas mal d’énergie.
Janusz Mayer, responsable polonais des expéditions himalayennes, ajoute sur RMF24 que le travail doit commencer plus tôt : « on doit être au camp de base dès le 20 décembre ». Cette année, l’équipe était parvenue au camp de base le 9 janvier. Arriver plus tôt permettrait de mieux profiter des fenêtres météo de début janvier.
Un nouveau chef
Wielicki, 68 ans, qui a tant rêvé ce sommet, accepterait même de laisser sa place pour une nouvelle expédition. Il était pourtant déjà là en 1987 puis en 2002 pour les deux précédentes tentatives polonaises : « cela ne dépend pas de moi (…) mais s’ils trouvent quelqu’un d’autre, je peux conseiller ! ». Sur la présence ou non de Denis Urubko, il doute. Son « manque de loyauté » pendant la dernière expédition – où il était parti seul – a été très critiqué. Il faudrait vraiment qu’il change d’attitude. En écoutant Wielicki parler de trahison, difficile de croire qu’on reverra les deux hommes dans une expédition commune dans le futur.
Mais cela ne l’empêche pas de croire à une victoire future : « le K2 sera vaincu par des Polonais ! » précisait-il à la radio polonaise RMF24.
Alors, il faut y retourner !
Adam Bielecki, l’un des alpinistes à avoir dépassé les 7.200 mètres cet hiver, est sûr que c’est faisable. « On peut y arriver, je suis bien plus optimiste qu’avant l’expédition » confiait-il au journal Wyborzca. Wielicki et Mayer laissent penser que ce pourrait même être possible l’hiver prochain. La « pression médiatique en Pologne rend favorable la discussion avec les sponsors » ont-ils précisé durant la conférence de presse à leur retour.
Jusqu’à nouvel ordre, le K2 reste invaincu en hiver. Jamais les hommes ne sont parvenus à dépasser l’altitude de 7.650 mètres. Près de 1.000 mètres sous le sommet.
Illustration : Al, 5 ans – publié par Polski Himalaizm Zimowy 2016-2020 im. Artura Hajzera